La confiance vs l'effet placebo du 11 mai

La confiance vs l’effet placebo du 11 mai

Le 11 mai 2020…

Le 11 mai 2020 ! Cette date va finir par me donner le tournis à force de l’entendre, répétée sur tous les tons, par tous les canaux de communication…Mais le ressort fonctionne.

Il y a du contrat dans cette date-là : A 00h00 le 11 mai nous sommes apparemment sensés basculer dans l’Après.

 Le 11 mai prochain serait synonyme de sortie de crise ?

S’il faut bien une date qui officialise la nécessité de reprise pour enjoindre et donner aux entreprises la possibilité de ne pas sombrer plus encore, la réalité est que 11 mai n’aura rien de magique.

La réalité est que certaines entreprises continueront à subir une baisse d’activité, voire pas d’activité du tout. D’autres encore ne seront pas en mesure de mettre en œuvre les gestes barrières. La reprise se fera sans doute de manière progressive dans beaucoup d’entreprises. La fin du confinement ne signifiera pas systématiquement la fin du télétravail ou du chômage partiel. La reprise sera potentiellement longue. Et surtout, la reprise ne signifie pas nécessairement un retour à la normalité chérie qui avait cours jusqu’à la pandémie. Il est possible, voire nécessaire, qu’il faille instaurer des changements que la crise aura rendue incontournable.

La réalité est qu’il sera parfois difficile de faire la distinction entre la crise elle-même et le début de sa fin. Plus tout à fait dedans, mais pas encore tout à fait sorti. Un pied dedans, un pied dehors.

Cette reprise sera différente d’une reprise après une période d’absence ou de longues vacances. Vos équipes, comme vous d’ailleurs, seront sans doute impactées par le confinement, l’éloignement, la difficulté qu’a pu représenter le télétravail, la garde des enfants, la maladie d’un proche, un décès, une part plus grande d’autonomie, l’isolement. Le management à distance aura modifié la donne (dans le meilleur des cas en laissant la place à davantage d’autonomie et de responsabilisation. Dans le pire des cas en provoquant des crises hallucinatoires de managers control freak dont la paranoïa n’aura pas résisté à la distance, ou la disparition corps et âmes de collaborateurs jamais revus, ni entendus pendant tout le temps du confinement).

Il faudra compter avec une part d’incertitude quant à ce qu’il restera de l’Avant et une part d’inconnu quant à ce qu’il adviendra de l’Après, avec les opportunités et les limites que la crise aura permis de faire émerger.

Il est important d’accompagner cette reprise par une posture managériale qui favorise la confiance, l’engagement, la solidarité, la sécurité, la responsabilisation et l’innovation. D’autant qu’il est fort probable que vous ayez à demander à vos collaborateurs des efforts supplémentaires… Reports de congés, maintien du chômage partiel, intégration de nouvelles procédures et de nouveaux comportements… Tout comme ils auront des attentes et des demandes peut-être différentes… Maintien, renforcement du Télétravail, recours à davantage d’outils qui réduiront les déplacements, aménagement du temps de Travail, davantage d’autonomie. La situation a mis en évidence, voire à fait évoluer des Besoins sur la Pyramide de Maslow. Il est probable que vous deviez adapter votre mode de management.

Nous venons de passer différentes étapes : La pandémie a tout d’abord créé une situation inédite et dangereuse qui a remis en cause la pérennité de l’entreprise. Nous sommes alors entrés en période de crise et dans un temps de décisions nécessairement rapides. Au plus haut du pic, nous avons dû décider d’un certain nombre de mesures, de dispositifs spécifiques qui ont à différents niveaux impactés la structure de l’entreprise. Nous avons dû gérer un état de tension et de stress plus ou moins important en fonction de notre contexte, de la trésorerie de l’entreprise et de nos ressources personnelles. La manière dont nous avons abordé ce temps a d’ores et déjà conditionné la manière dont nous allons survivre. Ces dispositifs et processus d’urgence sont à présent opérationnels.

Et voilà que le 11 mai résonne comme un nouveau défi. Le défi est de taille : redémarrer et sortir de la crise !

Un défi qui va mobiliser tout autant vos compétences de gestionnaire pour redresser la situation financière, que votre courage managérial, votre capacité à piloter dans l’incertitude et votre capacité à initier un changement.

Vous entrez cahin caha dans une phase de reconstruction. Plus cette phase sera courte, plus les impacts de la crise seront contenus et plus il sera possible de faire de cette crise un levier d’innovation, de nouvelles propositions, d’en profiter pour viser plus haut, plus loin. C’est votre capacité à leader le changement, à développer du lien, à faire preuve d’écoute, de bienveillance, d’assertivité, à inspirer et à fédérer qui feront toute la différence pour restaurer ce qui est le ciment de votre réussite collective : La confiance.